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Les CE en 2100 : un essai de dialogue social fiction

Que de chemin parcouru depuis la Résistance ! Les CE français se sont adaptés à la nouvelle donne imposée par le IIIe millénaire, une nécessité pour optimiser les actions sur le terrain, pour fluidifier la communication auprès des salariés et poursuivre l’investissement dans la formation

Un long fleuve tranquille, le Ier siècle du IIIe millénaire ? Pas vraiment. En 2015, les 40 000 comités d’entreprise en France ont dû braver de nombreux outrages. Parfois pris en otage par les syndicats – alors que l’institution impartiale s’adresse à tous les salariés et non à des adhérents – les CE ont dû affronter à la fois des employeurs peu enclins à collaborer mais aussi les salariés. Les premiers portant un regard torve sur le 0,2 % de leur masse salariale annuelle brute versé au budget de fonctionnement pendant que les seconds étaient davantage préoccupés par leur cas personnel que par le bien collectif.

Malgré un parcours semé d’embûches, un siècle plus tard, les CE ont su jouer la carte de l’unité en procédant à une véritable remise en cause et en transfigurant la dotation « employeur ». Attentifs aux mutations portées par les nouvelles générations, les CE ont développé des trésors d’ingéniosité pour repenser l’entreprise.

Des pièges habilement déjoués

En dépit du coup dur porté aux CE par la réforme sur le dialogue social en 2015, à travers notamment la généralisation de la DUP aux entreprises de plus de 200 salariés et à l’intégration du CHSCT, les CE se sont professionnalisés et sont parvenus à fédérer avec succès les collaborateurs autour de nouveaux projets collectifs.
Exit les lamentations de salariés officiant dans des structures de taille moyenne et déplorant les maigres enveloppes « loisirs » de leur CE !

En 2100, la première bataille relative aux budgets est désormais gagnée. En effet, les disparités entre CE d’entreprises moyennes et grandes entreprises ont été réduites grâce à un regain de créativité de la part des élus.
Ces derniers ont su mobiliser et obtenir la participation des collaborateurs dans des projets inventifs.

Évidemment, cela ne s’est pas fait en un jour : les CE ont jonglé entre code du travail, accords d’entreprise, convention collective pour trouver des aménagements possibles. Si les CE disposent bien de deux budgets distincts celui dit de « fonctionnement » dédié à la formation et aux frais du CE et, un second, pour les activités sociales et culturelles (ASC), ce dernier n’est soumis à aucun minimum légal (sauf si un accord ou une convention collective l’exige).
Avoisinant en moyenne 1 % de la masse salariale brute en 2015, il était à l’époque, plus élevé dans les grandes entreprises, notamment pour celles qui le calculaient sur le chiffre d’affaires.

Pour pallier ces disparités, en 2100, les CE plus modestes se sont inspirés du business model de sites de crowfunding pour élargir leur capacité d’investissement. Ils ont alors donné le jour à des extensions de leur site Web, accessibles aux salariés, employeurs mais désormais aussi aux donateurs hors de l’entreprise.
Des brain storming entre collaborateurs et élus s’organisent régulièrement, les initiatives qui en découlent (sortie culturelle, voyage, soirée thématique, dîner, spectacle…) sont ensuite postées en ligne.

Subséquemment, les potentiels contributeurs sont exhortés à voter pour les projets les plus originaux. Enfin, les projets lauréats sont financés par les votants.

Bonheur au travail

Grâce à l’unité des salariés voulue par leurs élus, aujourd’hui, la frustration au sein de petits CE s’est estompée. Le bien-être demeure l’objectif poursuivi par tous. Fort d’un budget plus confortable, le cadre de travail a été optimisé avec des services inhérents à la conciergerie d’entreprise, des équipements sportifs, etc.

Si développer une économie sociale et solidaire était le nerf de la guerre en 2015, c’est aujourd’hui chose faite. L’entreprise s’oriente vers un lieu où vie personnelle et professionnelle flirtent dans une relative harmonie. Des moyens ont été mis en place pour résorber, par exemple, les problèmes d’horaires tardifs incompatibles avec une vie de famille ou tout simplement le quotidien (courses, activités para-professionnelles, garde des enfants…).

Autrefois déconnectés du terrain, les syndicats ont fini par comprendre, au contact des élus, que le IIIe millénaire était bien le reflet d’une société marchande, consumériste mais néanmoins responsable. La génération Y avait déjà ouvert le bal en réclamant une entreprise différente et en insistant sur la qualité de vie au travail. La génération Z lui a emboîté le pas. En filigrane de ces revendications, les CE ont su lire des réquisits en matière de santé et nouvelles pathologies, de respect de l’environnement et transparence dans la communication qui ont trouvé leur axe de concrétisation.

e-communiquer pour rassembler

Les élus de CE ont rempli leur mission pour aider les salariés en difficulté grâce, en premier lieu, à une communication adéquate. Mettant sous un pourpoint les méthodes traditionnelles (réunions, notes internes, intranet), les élus ont eu recours à des outils, imitant les usages de la vie courante. Autrement dit, la communication nomade (applis mobiles, tablettes, messagerie instantanée interne à l’entreprise…).

La disparité géographique liée à l’éclatement des salariés sur plusieurs sites par exemple, était autrefois un obstacle pour les CE désireux de se réunir pour parler de discrimination, d’égalité hommes-femmes, de l’intégration de personnes handicapées, etc. Éradiquer cet isolement a été possible en choisissant de travailler en réseau : désormais ce sont toutes les générations qui pratiquent les réseaux sociaux, les conférences ou les achats sur Internet.

Et c’est de cette manière que le dialogue social a connu une profonde révolution. Les salariés se sont fait entendre par le truchement de leurs outils et les élus leur ont donné un écho en se réinventant.