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Comment le CSE peut aider les salariés les plus vulnérables après le COVID19

Tout comprendre des conséquences pour les salariés de deux ordonnances du 25 mars 2020, consécutives au COVID 19 et modifiant provisoirement le droit du travail.

Tous les salariés d’une entreprise n’ont pas subi de la même manière les conséquences professionnelles du COVID19.
Quel rôle pour les CSE face à ces souffrances inégales ?

Le COVID19 a bouleversé toutes les entreprises. Mais de nombreuses fractures ont traversé le monde du travail.
La première fracture s’est installée entre les entreprises qui n’ont pas cessé de travailler et celles qui étaient en chômage partiel.
La deuxième fracture se trouve à l’intérieur de chaque entreprise : tous les salariés d’une même entreprise n’ont pas subi de la même manière les conséquences professionnelles de l’état d’urgence sanitaire provoquée par le COVID19.

Le CSE, à travers sa mission SSCT mais aussi sociale, se doit d’analyser les fractures internes à l’entreprise pour identifier le vécu de chacun afin d’aide et d’accompagner les travailleurs comme d’élaborer les revendications appropriées qui en découlent.

Il ne faut pas que, pour ceux qui seront soulagés de le constater, l’absence de licenciements suite à l’état d’urgence sanitaire, vienne effacer ce qui s’est passé pendant deux mois, voire plus selon les métiers et les entreprises.
Ce qui s’est passé est hors du commun et doit être traité comme il se doit : une crise humaine grave qui bouleverse les femmes et les hommes qui l’ont subie et qui peut avoir des répercussions à terme.

Des outils pour analyser, comprendre et agir socialement

Nous suggérons aux CSE de réaliser un travail d’enquête auprès de chaque salarié pour identifier ce qu’ils ont subi pendant l’état d’urgence sanitaire (et dans les semaines et les mois qui suivent pour nombre d’entre eux).
Ce travail d’enquête n’est pas une forme de curiosité, une intrusion dans la vie personnelle du salarié, mais la seule façon de pouvoir fournir au CSE et aux délégués syndicaux (quand ils existent dans l’entreprise) de quoi présenter les demandes/réclamations/propositions appropriées à l’employeur.
Ce travail d’enquête doit permettre aussi de prévoir le plan d’action (qui manquait partout) et la préparation des moyens adaptés en cas de nouvelle pandémie.
Il ne faut pas attendre que l’employeur décide tout seul de ce qu’il fera au cas où. Il faut réfléchir à ce que les travailleurs ont à proposer. Ce sondage permettra de collecter les difficultés qu’ils ont rencontrées, leurs idées pour y remédier et les outils pour que le CSE agisse.

Pour rédiger le sondage, lire ou relire notre article « sondages du CSE auprès des salariés ».

Dans les entreprises qui n’ont pas cessé de travailler

Il y a principalement deux types d’entreprises qui n’ont pas cessé de travailler.

  • 1) D’abord les entreprises « particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation et à la continuité de la vie économique et sociale » ont continué à travailler… mais en pire.
    Nettement plus de présence, plus de pression et de charge professionnelle, plus de risque sanitaire, le tout provoquant stress, fatigue et angoisse voire le COVID19.
    Le contact avec le public, le développement ou l’amplification d’horaires atypiques, autant de facteurs de risques psychosociaux.
    Les dirigeants politiques et le monde des médias ont « découvert » que de nombreux soi-disant « petits » métiers étaient indispensables à l’activité de la Nation… Ces métiers n’ont rien de « petit » bien évidemment et cette reconnaissance condescendante a accentué le malaise de ces travailleurs aux petits salaires dont le travail n’est pas reconnu… sauf pendant deux mois…Il a fallu que les caissières et caissiers de super ou d’hypermarchés se battent pour avoir des masques, du plexi glace, des gants… qui sont chaque fois arrivés au bout de plusieurs jours voire pire. Cette situation a démontré à quel point les entreprises, comme l’Etat, n’avaient pratiquement pas prévu quoi que ce soit en cas de pandémie.
  • 2) Ensuite les entreprises en capacité de télétravailler. Si le télétravail a des avantages (pas de déplacement pour aller au bureau, une plus grande liberté dans l’organisation du travail) il a aussi des inconvénients : isolement/solitude, modification de l’organisation de l’espace privé, perturbation des autres membres de la famille. Avec des conséquences spécifiques pour les familles monoparentales (majoritairement des femmes).
    Transformer à la va vite un morceau de logement en bureau n’est pas sans conséquences pour le travailleur et sa famille. Travailler sur la table de la salle à manger, pas vraiment approprié. Sans toujours s’en rendre compte, les télétravailleurs ont rejoint les ouvriers qui dormaient au XIX° siècle à côté de leur machine… sauf pour ceux, plus aisés, qui disposent d’un bureau dans leur (grand) logement…

Dans les deux types d’entreprises de nouvelles souffrances sont nées ou, déjà présentes, ont été amplifiées.

Dans les entreprises qui ont cessé de travailler en partie

Certaines entreprises ont développé le télétravail (souvent des cadres, techniciens et agents de maîtrise) en partie et mis au chômage partiel le reste du personnel (souvent les emplois productifs, aux salaires plus bas).

Pour les conséquences du télétravail, voir ci-dessus nos commentaires. Pour le chômage partiel, voir ci-dessous.

Cette situation hétérogène dans une même entreprise accentue les fractures entre le « haut » et le « bas ». Encore plus si l’entreprise n’a pas complété l’indemnité de chômage partiel et laissé la rémunération à 84 % du net habituel.
Il va falloir « recoller » les morceaux de la communauté de travail.

Dans les entreprises qui ont entièrement cessé le travail

Le chômage partiel, ce ne sont pas des vacances.
Être en vacances, c’est choisir (en fonction de ses moyens) de quelle manière profiter de sa liberté.
Le chômage partiel, c’est, en cas de pandémie, tout d’abord le confinement. Les trop nombreux reportages télé de personnalités confinées dans leur propriété fleurie et arborée n’ont pu faire oublier les millions de travailleurs confinés dans des petits logements avec ou sans enfants. Le confinement dans un logement exigu, c’est une forme d’emprisonnement. Cela a des conséquences sur le mental des travailleurs confinés. Le retour à l’entreprise après l’état d’urgence sanitaire n’efface pas ce qui a été vécu pendant deux mois.
Pour ceux qui ont des postes de travail physiquement actifs (industrie, bâtiment, travaux publics, etc.) le confinement est une torture. Pour des travailleurs habitués à bouger et utiliser leur force physique, une journée de formation c’est déjà dur… alors deux mois de confinement…

La question financière pour les travailleurs au chômage partiel

84 % du salaire habituel net, cela peut suffire à certains travailleurs peu endettés et à ceux dont la rémunération est supérieure au salaire moyen français. Mais pour plus de la moitié des travailleurs 16 % de manque à gagner, c’est un drame. Ce sont les ménages qui sont en dessous ou juste au-dessus du salaire médian (1800 € net ; la moitié des français gagnent moins, l’autre moitié gagne plus). Dès lors qu’il y a des prêts à rembourser chaque mois, ces 16 % manquent terriblement. Ces ménages ont souvent des prêts à rembourser et pas de quoi épargner.

Cet article a été librement inspiré d’une note d’analyse produite par France Stratégie.

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